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Europe | L’acte délégué en ligne de mire

Europe L’acte délégué en ligne de mire

Numéro 121

Les ouvreurs Eurotest européens étaient réunis, les 8 et 9 janvier derniers à L’Alpe d’Huez, pour un étalonnage annuel. L’occasion de réaffirmer l’unité des différentes délégations en faveur d’un diplôme de qualité.

 

Ils étaient une quarantaine au départ sur le stade du Signal. Français, Allemands, Italiens, Autrichiens, Britanniques, Slovènes et Tchèques avaient rendez-vous pour confronter leur niveau lors du traditionnel étalonnage de début d’année. Objectif : réévaluer leur coefficient afin qu’il reflète leur niveau de performance et permettre ainsi d’assurer l’équité entre toutes les épreuves Eurotest organisées en Europe. Preuve du sérieux de l’organisation et de l’implication des organismes de formation, Bruno Béthune (sous-directeur en charge de l’emploi et des formations au ministère des Sports) et Florence Giraud (directrice de l’ENSA) se sont déplacés pour assister aux épreuves, aux côtés des représentants de chaque nation.

« Il est primordial d’établir des niveaux équivalents pour tous les moniteurs en Europe. Sinon, cela pose des problèmes lorsque certains veulent travailler dans d’autres pays. Avec ces étalonnages, nous sommes sûrs que ceux qui obtiennent l’Eurotest ne l’ont pas par hasard », explique Dave Renouf, représentant de la Bristish Association of Snowsports Instructors (BASI). Un avis partagé par Matija Stegnar, chef de la délégation slovène : « Il est très important que nos ouvreurs puissent se confronter à ceux des autres pays. Cela assure la valeur de notre diplôme. Ce système est très bon et doit être pérennisé. » Sous les yeux d’Eric Gravier, directeur technique du SNMSF, et de Roger Mure-Ravaud, en charge de la réglementation pour les affaires internationales du SNMSF, les ouvreurs européens ont donc participé à trois manches de géant où les deux meilleurs temps de chacun étaient retenus pour actualiser leur coefficient.

 

Au-delà de l’étalonnage (précédé la veille d’une session d’entraînements chronométrés), ces deux journées ont été consacrées à des réunions sur le droit du travail européen. En effet, les pays participants plaident ensemble, auprès de la Commission européenne, pour qu’un seul diplôme de niveau élevé puisse permettre aux ressortissants européens de travailler comme moniteur de ski dans d’autres pays d’Europe. « Avec nos amis français et autrichiens, nous avons participé à de nombreuses séances à la Commission européenne afin de donner notre point de vue technique. La tâche n’a pas été aisée car nous faisions face à des pays où la culture de la montagne comme on l’entend chez nous n’existe pas. Il a été difficile de leur faire comprendre qu’il était fondamental d’avoir de grandes connaissances de l’environnement, des grandes pentes, des avalanches… », détaille Giuseppe Cuc, représentant des moniteurs italiens. Comme ses homologues, il espère que l’acte délégué (décision de la Commission européenne ayant valeur de loi) qui permettrait de voir la carte professionnelle européenne de moniteur de ski officialisée sera prochainement adopté. « Nous sommes optimistes, nous travaillons ensemble sur ce dossier pour assurer un futur aux jeunes et pour que la montagne continue à vivre. » Reste donc à attendre la décision de la Commission européenne dans les semaines à venir…

 

L’étalonnage vu par… 
Nicolas Deléglise, professeur à l’ENSA et ouvreur Eurotest : « Comme toujours à L’Alpe d’Huez, l’organisation était excellente. La station a l’habitude d’organiser ce genre de rendez-vous et nous avons eu de la chance avec la neige, qui était très dure. La piste du Signal est intéressante car elle n’est ni trop dure, ni trop facile. C’est une piste référence, qui possède les critères que nous recherchons pour les Eurotests afin de ne pas fausser les résultats. Le fait de réunir tout le monde le même jour et dans les mêmes conditions permet d’avoir un niveau le plus juste possible. Les conditions météorologiques n’étaient pas favorables le mercredi, mais tout le monde avait joué le jeu la veille, les résultats sont donc cohérents. J’avais déjà participé à des étalonnages en Italie et en Allemagne. L’organisation est toujours très sérieuse. Parfois, les ouvreurs étrangers participent à des Eurotests en France, parfois nous allons chez eux pour ouvrir, pour bien rappeler qu’il s’agit d’une épreuve européenne. »

 

Peter Hennekes, secrétaire général de l’association des moniteurs de ski allemands : « Les étalonnages nous permettent de voir le niveau requis dans chaque pays pour obtenir la qualification la plus haute. Nous travaillons sur ce dispositif depuis plus de quinze ans et il fonctionne de mieux en mieux. Il est important pour nous d’être présents ici, à la fois pour réévaluer les coefficients des ouvreurs et pour échanger avec les autres nations. Sur le plan politique, je pense qu’après dix ans de concertation entre pays membres, nous avons trouvé une bonne solution pour le futur à travers la carte professionnelle européenne de moniteur de ski. Nous espérons obtenir l’acte délégué cet été, ou à la fin de cet hiver. Cela permettra à des moniteurs qui ont la plus haute qualification dans leur pays de travailler en Europe, s’ils obtiennent l’Eurotest et l’Eurosécurité. Et au-delà, cela aiderait le développement du tourisme hivernal. »

 

Hugo Richermoz

Photos Laurent Salino/Zoom