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Formation | La Plagne, top modèle

Formation La Plagne, top modèle

Numéro 97

Depuis quatre ans, les ESF de La Plagne mutualisent leurs moyens pour organiser, sur deux semaines, une formation commune pour leurs stagiaires. Objectif : qu’ils arrivent bien préparés pour les différentes unités de formation du diplôme d’Etat de ski alpin. Une initiative plébiscitée par les premiers concernés : les stagiaires.

 

Il fait beau et froid en ce 24 janvier. Peu de monde sur le domaine skiable, des conditions idéales en somme pour les quatre-vingt-seize stagiaires issus des différentes ESF de La Plagne*, qui achèveront leur quinze jours de formation le lendemain. Certains ont passé ces deux semaines à préparer l’Eurotest (bon nombre de stagiaires sont convoqués à l’Ensa la semaine suivante pour passer cette épreuve clé), d’autres ont préparé les fondamentaux du 1er cycle la première semaine et enchaîné avec la préparation à l’UF Sécurité en milieu montagnard la deuxième semaine. « Ici, tous les stagiaires sont mêlés pour favoriser le brassage d’idées et les échanges entre écoles. Les formateurs changent également d’une semaine sur l’autre, et on essaye de ne pas mettre ensemble un moniteur avec les stagiaires de son école. Tout cela permet d’enrichir les expériences et d’avoir des approches différentes », expose Yannick Costaz, directeur technique d’Aime 2000 et co-organisateur de cette formation avec Emmanuel Ollinet, Guillaume Gonthier (tous deux DT à Belle-Plagne) et Fabien Gauthier (DT Plagne Centre).

« Auparavant, chaque école organisait sa formation de son côté, mais il était difficile d’établir un contenu complet par rapport aux attentes de l’Ensa. Forts de ce constat, il y a quatre ans, nous nous sommes concertés entre directeurs techniques de Plagne altitude (Belle-Plagne, Plagne Centre, Bellecôte, Aime 2000) afin de mettre sur pied une formation qui réponde point par point au contenu du diplôme, et rendue commune pour tous nos stagiaires », poursuit Yannick Costaz. Depuis deux ans, les autres ESF de La Plagne se sont associées à l’opération, chaque école détachant un nombre de formateurs en relation avec son effectif stagiaires. Professeurs de l’Ensa, moniteurs passionnés de hors-piste, entraîneurs de ski-club, nivologues… tous ont des profils différents pour apporter une expertise en relation avec les différentes UF. Au total, onze entraîneurs interviennent sur ces deux semaines de janvier (les plus creuses de la période) et encadrent des groupes composés de trois à douze stagiaires selon les UF. En amont, l’organisation d’une telle formation demande évidemment de l’investissement et une concertation étroite entre les directeurs techniques. « Dès le mois d’octobre, nous nous réunissons une fois par semaine pour établir notre calendrier de formation en fonction de celui de l’Ensa (l’objectif étant que les stagiaires puissent participer aux deux), mettre au point le contenu, informer les stagiaires pour qu’ils s’organisent afin de suivre notre formation que nous rendons obligatoire mais pour laquelle ils ne déboursent aucun centime », explique Emmanuel Ollinet. Viennent ensuite la répartition des groupes, les postes d’encadrement, les horaires… le tout corsé cette année par une donnée supplémentaire : l’arrivée du nouveau diplôme d’Etat, axé sur le milieu montagnard en général et qui regroupe désormais ski et snowboard dans les mêmes semaines de formation à l’Ensa. Cela a impliqué pour les DT de La Plagne de trouver des entraîneurs polyvalents, pouvant passer facilement du ski au snowboard et parlant les deux langages. Mission remplie aux dires des stagiaires, dont le « retour de satisfaction » à l’issue de cette quinzaine passée avec leurs coachs est plus que positif !

 

« Il y a maintenant une ESF dans toutes les stations de France. Il y a aussi de la concurrence avec les structures indépendantes, et si l’on veut garder nos clients, nous devons fournir un enseignement de qualité. Or les stagiaires sont l’avenir des écoles de ski et pour que la qualité d’enseignement de ces dernières perdure, il faut s’attacher à les former correctement », analyse avec réalisme Emmanuel Ollinet. « Organiser cette formation nous-mêmes nous évite aussi de voir partir nos jeunes à droite et à gauche. Outre l’aspect rencontres, ces sessions leur permettent de comparer le fonctionnement et l’organisation de leurs ESF respectives, ce qui est toujours enrichissant. Ils découvrent aussi les itinéraires hors-piste de la station. Quand ils seront diplômés et que ce sera leur tour de partir avec des clients, ils auront toutes les clés en main. On ne peut pas lâcher des jeunes dans la nature avec cinq ou six clients qui font entièrement confiance à leur moniteur… »

Milieu montagnard, pédagogie ou technique, la formation mutualisée de La Plagne vise à ce que les stagiaires se présentent aux différentes épreuves organisées à l’Ensa en ayant acquis les bases essentielles. L’entraînement et la compétition font partie intégrante de la formation, avec notamment l’organisation d’un Bank slalom snowboard pour les stagiaires organisé à tour de rôle par chaque ESF de La Plagne. Quant à la préparation pour l’Eurotest, les quinze jours passés sur les stades de slalom de Plagne Centre, Montchavin et Champagny portent leurs fruits : l’an passé, les ESF de La Plagne ont enregistré plus de 50 % de réussite à l’Eurotest, pour une moyenne nationale de moins de 32 %. Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes et viennent récompenser les efforts déployés pour proposer à ces stagiaires une formation à la fois globale et ciblée.

 

* Plagne Centre, Belle-Plagne, Bellecôte, Aime 2000, Champagny, Montchavin, Montalbert.

 

  Ce qu’ils en disent 

Arnaud Blanchet (27 ans), stagiaire ESF Aime 2000

« Je suis cette formation, complémentaire à celle de l’Ensa, pour la deuxième fois. Elle nous permet de nous mettre en situation réelle et de ne pas arriver à l’Ensa avec peu de temps de formation derrière nous. Elle nous aide à mettre le pied à l’étrier et à travailler avec le personnel de la station, ce qui est important puisque c’est sur ce lieu que nous allons travailler. Je suis né dans la vallée, j’aimerais bien être moniteur ici. »

 

Audrey Graff (27 ans), stagiaire ESF Belle-Plagne

« Outre le fait qu’elle nous aide à bien nous préparer, cette formation est l’occasion de nous rencontrer entre stagiaires des différentes écoles. Comme le domaine skiable est assez grand, nous ne faisons souvent que nous croiser. Nous avons souvent nos petites habitudes, alors ça nous permet de voir autre chose ! Je suis originaire des Vosges, j’aimerais rester travailler ici et m’orienter vers des stages snowboard. »

 

Vincent Cuenot, entraîneur pour le groupe Eurotest

« Je suis entraîneur au ski-club de Champagny. J’avais quelques a priori un peu défavorables, car je m’attendais à devoir tirer ces jeunes en avant tout le temps (rires) ! Or ils sont super motivés et savent pourquoi ils sont là. Ils ne se laissent pas abattre, alors que les tracés ne sont parfois pas faciles. Ils s’entraînent dans la bonne humeur, je pense qu’ils réalisent la chance qu’ils ont de pouvoir bénéficier d’une telle formation. »

 

Eric Gravier, directeur technique du SNMSF

« Les stagiaires sont en apprentissage dans les écoles de ski, ce qui implique un devoir de formation de part et d’autre. Aujourd’hui, les stagiaires doivent effectuer un stage de sensibilisation de vingt-cinq jours à l’issue du cycle préparatoire, puis un stage en situation de vingt-cinq jours également à l’issue du 1er cycle. Ce dernier répond à plusieurs objectifs : d’une part leur apprendre le métier et le fonctionnement d’une école de ski, d’autre part leur permettre de se perfectionner et de se préparer aux examens du 2e cycle. Cela signifie qu’ils doivent, même s’ils ont déjà obtenu l’Eurotest, continuer à faire de la compétition, car ils continueront d’être évalués sur la technique tout au long du cursus de formation. Pour cela, ils peuvent participer aux compétitions FFS, aux mémoriaux ESF, aux qualifications stagiaires, au Challenge, aux BSB… Enfin, la formation concerne aussi l’aspect pédagogique et formation aux langues, suivant les besoins des stations. Le face à face pédagogique avec la clientèle n’est pas le principal aspect d’un stage en situation, il convient de le rappeler. »

 

Anne Nguyen-Carrier

Photos : Francis Bompard/Zoom