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Hervé Rey | Toujours au piquet

Hervé Rey Toujours au piquet

Numéro 121

Habitué de la grande finale du Challenge, le compétiteur de Megève ambitionne de relever un challenge dans le challenge : devenir, en 2020, le premier V5 à se qualifier pour la grande finale !

 

Hervé Rey fait désormais figure de doyen au Challenge des moniteurs. À 53 ans, il se sent pourtant toujours aussi jeune ! Depuis sa première qualification pour la grande finale, en 1990 à Puy-Saint-Vincent, il n’a jamais désavoué sa passion pour le ski et le slalom. S’il espère devenir, en 2020, le premier V5 à se qualifier parmi les cent vingt meilleurs moniteurs, il défendra déjà son titre V4 cette année à Val-Cenis. Ancien chasseur alpin du 7e BCA, passé par les ESF de Flumet, Aime-La-Plagne, Crest-Voland et aujourd’hui Megève, il assure être plus fort aujourd’hui qu’à 40 ans. Le secret de sa longévité ? Une santé de fer et la volonté de se remettre continuellement en question. « Ça me plaît de faire des chronos, des compétitions, d’aller me mesurer aux jeunes. Continuer d’apprendre de nouvelles choses, c’est ma façon de rester jeune ! », assure-t-il. Rencontre avec un fonceur qui cherche encore à assagir un ski « un peu trop agressif ».

 

Podiums V2, V3, V4…

De son enfance passée au bas de la descente des Seigneurs, l’une des pistes mythiques de Flumet, Hervé a gardé une addiction pour le ski et la vitesse. Après un bref passage au comité de Savoie et quelques FIS en descente, il se lance dans le monitorat, qu’il obtient en 1988. Suite à une première participation au Challenge l’année suivante, il atteint sa première finale en 1990. La première d’une longue série. Il lui faudra pourtant attendre sa quarantième année pour goûter enfin au podium en V2, à Courchevel, en 2005. Mais depuis qu’il est monté sur la boîte, il a du mal à en descendre…

 

Motivation suprême

Chez les V3, il a fait une véritable razzia, avec trois places de 2e et deux victoires (en cinq ans). Depuis son arrivée chez les V4, il se tire la bourre avec Didier Bonnevie (ESF Val d’Isère) et Stéphane Cret (ESF Les 2 Alpes) pour monter sur la plus haute marche. « Quand j’avais 40 ans, je me disais que je serais meilleur avec dix ans de plus. Et j’avais raison ! », sourit-il. Mais au-delà de ces podiums (vainqueur en 2016 et 2018, 2e en 2017), son objectif principal est de se qualifier, année après année, pour la grande finale. « C’est la récompense pour moi. Quand je vois tout le monde autour de la piste, c’est super. C’est une très belle course. »

 

Mémoriaux and co

Malgré un emploi du temps chargé durant la saison, notamment les week-ends pour entraîner les compétiteurs du Club ESF de Megève, Hervé prend le temps de participer à plusieurs Mémoriaux ESF afin de se jauger et de voir s’il est « à la rue ou pas ». Il observe aussi la concurrence, avec de jeunes slalomeurs toujours plus entreprenants. « Cette année, je sens qu’ils sont bien chauds ! J’ai l’impression que le fait d’avoir filmé la finale du Challenge a motivé pas mal de monde. » Quant à sa motivation, après tant d’années, il n’a pas à la puiser bien loin. « Le ski a toujours été une passion. C’est rarement une contrainte d’aller m’entraîner. Et puis, comme le résultat est là… Souvent, je dis que les vrais passionnés sont ceux qui n’ont pas forcément de résultats, mais qui continuent malgré tout. »

 

Défendre son titre

S’il a l’édition de 2020 en ligne de mire, au cours de laquelle il pourrait devenir le premier V5 à se qualifier pour la finale, Hervé aura, à Val-Cenis, un titre de champion V4 à défendre. « Physiquement ça va, je n’ai pas trop perdu. Je n’ai pas mal aux genoux ni au dos », assure-t-il. S’il avoue avoir souffert, l’an dernier, sur le plat final du stade du Signal, il se réjouit de découvrir en avril une piste qui pourrait lui convenir. « Je ne la connais pas, mais il paraît qu’il y a de la pente. C’est bien pour moi. J’ai un peu moins de mal à arrondir les trajectoires. »

 

Just relax…

Même si l’excès de fougue est souvent l’apanage des jeunes loups débarquant pour la première fois au Challenge, Hervé est également victime de son tempérament. « J’ai un ski un peu trop agressif. Quand je revois la finale de l’an dernier, c’est clair que je suis trop direct au piquet. Comme quoi, j’ai encore des choses à apprendre et des trajectoires à travailler ! » Ce « tempérament de fonceur » fait aussi sa force, puisqu’il lui permet de se lancer dans les tracés sans calculer. Aujourd’hui, il redoute néanmoins le poids des années. « Je ne pense pas que je serais meilleur dans dix ans », regrette-t-il dans un éclat de rire.

 

 Le métier 

« Je crois que l’on fait un métier unique. On rencontre des gens de tous horizons, on suit leur progression. Quand nos élèves s’améliorent, on se dit qu’on a bien bossé. Exercer le métier de moniteur de ski m’a aussi permis de vivre de nouvelles expériences, d’apprendre de nouvelles choses. Par exemple, je me suis mis au russe. Pour moi, c’est ça, rester jeune. Il ne faut pas se dire qu’on sait tout parce qu’en fait, on ne sait rien (rires) ! »

 

Hugo Richermoz

Photos Agence Zoom