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Snowboard | BSB, mode d’emploi

Snowboard BSB, mode d’emploi

Numéro 100

Le bank slalom boarder, aussi appelé BSB (appellation déposée ESF), rassemble deux disciplines du snowboard : le bank slalom et le boardercross. Mise en place, organisation, comportement dans le parcours… voici tout ce que vous devez savoir pour une bonne maîtrise de la discipline, que vous soyez organisateur ou rider.

 

Le boardercross, parcours d’obstacle chronométré sur piste comportant des bosses, des portes et des virages relevés, a toujours été une discipline propre au snowboard, mais lourde d’organisation tant sur le plan logistique que sécuritaire. Le nombre de participants, l’entretien du parcours, la pose de filets B, les portillons de départ et autres imposent un investissement en temps et argent. Tout cela n’enlève rien à l’attrait de cette discipline complète et olympique mariant technique de courbe, maîtrise des sauts et des phases aériennes.

De l’autre côté, le bank slalom, parcours caractérisé par une succession de virages relevés à rayons plus ou moins constants procurant à peu près les mêmes sensations, demande peu d’entretien et une logistique très simple.

Il y a trois ans, la commission Snowboard et Ski freestyle du SNMSF a combiné les deux disciplines, donnant ainsi naissance au bank slalom boarder, variante aussi technique que ludique et aux possibilités très étendues.

 

  Présentation 

Imaginez un long serpentin de 100 m de dénivelé constitué de virage relevés espacés d’une vingtaine de mètres chacun, ressemblant à ce que laisserait sur la piste deux manches d’Etoile d’or après le passage de 80 enfants une fois que l’on aurait détracé. Lissez ces « badoles » et prenez le départ, vous voici dans le BSB !

Les trajectoires étant imposées par les banks (virages relevés), le rider n’a d’autre choix que d’utiliser l’appui que procure ce dernier pour rester dans le tracé. Cet appui permet de limiter l’angle de prise de carre par rapport au plan de la neige, et donne plus de liberté dans l’utilisation du jeu vertical. Mais l’alternance rapide de virages frontside et backside laisse peu de place à la faute et si cet appui dans les virages permet de réaliser des changements de direction impressionnants, il génère surtout des accélérations et de forts déséquilibres.

La justesse des manœuvres de carres en fonction de l’architecture du bank ainsi que les qualités de centrage sont mises à rude épreuve pour arriver en bas sans sortir du tracé, en un temps minimum.

Ce type de parcours peut être réalisé en hors-piste dans une neige douce où les banks se creuseront au fil des passages (une trentaine suffit alors). Il peut également être tracé dans une combe, en remontant bien de chaque côté, avec un lissage de temps en temps pour entretenir le parcours.

 

  Mise en œuvre 

Il est possible de tracer un bank slalom quasiment partout, le tout étant de le faire correctement. Des mini-rotules souples de slalom ou des plumeaux suffisent car il y a peu de contact avec le piquet. Un rayon de virage d’une vingtaine de mètres sur une trentaine de portes donne un parcours d’environ une minute pour les meilleurs. Il est même envisageable de ne pas utiliser de matérialisation et de se contenter de suivre plusieurs fois la même trace dans une neige douce (cf. paragraphe ci-dessus).

Si l’on veut que le slalom soit régulier et les banks bien tracés, la première trace doit être faite par un rider d’expérience qui imagine la trajectoire finale, cette dernière étant creusée par le reste des coureurs. Une fois ces goulottes bien formées, un lissage général apportera un parcours lisse et régulier. Le résultat recherché n’est pas la trace directe au piquet mais un « virage bobsleigh » se déclenchant assez haut et ne se finissant pas trop bas sous la porte, afin qu’il s’enchaîne avec l’entrée de la suivante.

 

 Combinaison possible avec un boardercross 

Les possibilités sont très étendues et vous trouverez de nombreux conseils de traçage et de sécurité dans le cahier des charges du BSB.

Commencer par un boardercross, finir dans un hors-piste avec un bank ou l’inverse… chaque organisateur est libre. L’avantage de ces types de configuration est que les riders utiliseront toute leur palette technique, pour des sensations décuplées.

Une station où le boarder est trop court type kid boarder ? Pourquoi ne pas finir par quelques portes de bank slalom qui permettront de gonfler le parcours à la minute au lieu des trente secondes habituelles ? N’oubliez pas que « ludique » est le maître mot de cette discipline !

 

  Matériel, réglages et protections 

Le bank pilotant la trajectoire de l’engin, une board « lambda » (ni trop grande, ni trop petite) conviendra tout à fait. Attention simplement aux cambres inversés ou « banana » qui ne sont pas conçus pour faire des courbes mais plutôt des butters et autres tricks de flat. Le rocker s’avère quant à lui un atout intéressant. L’engin subit en effet de fortes déformations en entrée de courbe et une spatule un peu plus tolérante permet de gérer le placement de la board durant l’ensemble du bank. Un tail un peu dur limite ces déformations en sortie de courbe.

Concernant le réglage des fixations, pour plus de performance, quelques petites retouches peuvent être apportées sur l’inclinaison des spoilers : plus le bank est formé, moins vous avez besoin de mettre de l’angle (donc peu de spoiler), et inversement. Les angles des fixations restent les mêmes avec un pied arrière légèrement négatif (entre -3° et -6°), ce qui permet de garder le bassin dans l’axe des pieds et évite tout vissage qui, on le verra plus tard, serait source d’inversion et de verrouillage sur le plan vertical.

A noter : un passage sur l’arrière ou les jambes raides en backside et vous voilà sur le toit. Au même titre que le boardercross, le casque et la dorsale sont incontournables, mais l’échauffement reste la meilleure des protections.

 

 Virage expert et conduite 

Le parcours impose une trajectoire et un timing. Du fait que le bank aide à tourner, la gestion des amplitudes de pivotement sera un peu moins présente que dans un virage expert sur piste. A contrario, la présence de ce bank crée un volume plus ou moins régulier sous l’engin ; la gestion de la charge et du centrage devient importante.

A l’entrée du bank, la vitesse a tendance à augmenter et la pression n’est pas trop forte (direction dans le sens de la pente). Néanmoins, comme en ski, la recherche de pression forte le plus tôt possible sera la bienvenue. Le rider rentre pied avant pour compenser l’accélération de l’engin. Au milieu du bank, la pression est maximale, le rider en position basse résiste à la pression (mouvement isométrique) et étale cette dernière par un recentrage deux pieds en déplaçant l’engin sous le centre de gravité. La fin du bank se caractérise souvent par une bosse séparant les deux courbes et nécessite donc une phase d’allègement importante : le rider peut se relever verticalement pour accélérer ou réaliser un avalement pour optimiser le glissement. Un centrage pied arrière est visible dans cette partie du virage. Il résulte de la réaction d’appui et aide le rider à repartir vers l’avant pour préparer le déclenchement suivant.

 

• La charge et le centrage évoluent en permanence dans le virage pour garder le contact avec la neige mais également pour créer les appuis et les allègements. Des angles de prises de carre importants au déclenchement permettront de trouver un appui le plus tôt possible dans le bank et ne pas subir la pression maximale en fin de bank, mais au milieu de celui-ci. Si le rider est statique, il génère des augmentations de charge et des retards dans l’exécution des mouvements (timing) qui l’amènent à la faute.

• Les amplitudes de pivotement sont assez limitées dans le sens où c’est le bank qui fait tourner le rider. Le regard est l’atout principal car il pilote le haut du corps et, par conséquence, l’engin. Il limite également les phénomènes de vissage s’il est orienté vers le futur virage en frontside. La forme du bank définit le dosage de ces mécanismes.

• Concernant les manœuvres de carres, le bank et la trajectoire choisie par le rider influencent la qualité des effets directionnels : plutôt coupé maîtrisé pour une trajectoire intérieure, plutôt dérapé perfectionné pour une trajectoire sur le sommet du bank. La gestion de ces manœuvres reste définie par le placement du haut du corps, les axes de flexion des membres inférieurs et la répartition de ces flexions.

 

 

Défauts apparaissant souvent :

- jambes raides en backside : pas d’étalement de pression, augmentation violente de l’angle de prise de carre, décrochage de la carre backside ;

- cassé du haut du buste en frontside (main arrière dans la neige) : diminution de l’angle de prise de carre, peu d’appui donc pas de réaction d’appui, changement de carre lent ;

- rotation des épaules vers l’intérieur du virage en backside : effet sur-vireur de la board (dérapage), éloignement de la trajectoire idéale, perte d’appui ;

- rotation des épaules vers l’extérieur du virage en frontside dû au regard vers l’aval (vissage) : limitation du jeu vertical due au vissage (opposition haut/bas), effet sous-vireur de la board, centrage arrière permanent.

 

Quelques astuces permettant de limiter ces défauts :

- pour garder de la mobilité verticale : le haut du corps doit suivre le regard et la trajectoire, le buste doit rester à l'aplomb des membres inférieurs, eux-mêmes disponibles afin de respecter l'empilement articulaire ;

- pour faire varier le centrage : main arrière plutôt haute en entrée de virage pour un centrage avant, déplacement de l’engin sous le centre de gravité pour faire varier le centrage dans la courbe, déplacement du centre de gravité sur l’engin lors du changement de carre pour rentrer pied avant dans le prochain virage.

 

 

LE BSB TOUR ESF

Créé en 2011, ce circuit de compétition* permet d’entretenir la dynamique snowboard au sein des ESF. Différents formats alliant bank slalom et boardercross sont inscrits au calendrier (disponible sur freestyle-motion.fr) en fonction des possibilités des stations.

Ces mémoriaux ont trois objectifs :

- permettre aux moniteurs diplômés et aux aspirants moniteurs d’obtenir la qualification d’ouvreur en snowboard (handicap 6) ;

- permettre aux stagiaires moniteurs de s’entraîner en vue du bank slalom du 2e cycle à l’ENSA ;

- permettre aux moniteurs participant au Challenge de mieux se préparer grâce à ces compétitions.

Plusieurs formats de course sont possibles. En général, deux manches de qualifications en time trial (un par un) permettent d’obtenir un premier classement sur lequel sera calculé le handicap 6 des moniteurs. La course peut s’arrêter là, ou continuer sur un run de finale en time trial avec départ inversé ou un KO system (quatre par quatre). L’un des gros avantages de ces formules réside dans le nombre important de passages effectués dans le parcours : souvent entre deux et quatre passages d’entraînement, auxquelles s’ajoutent les manches de course…

Depuis l’apparition du bank slalom en 2009 dans la formation du diplôme d’Etat, la commission Snowboard et Ski freestyle du SNMSF a relayé ce format de course pour permettre aux stagiaires de s’entraîner tout au long de l’hiver et de se présenter avec de l’expérience à cet examen. Toutes les dates du BSB Tour ESF ne sont pas des bank slalom, mais le boardercross étant très proche techniquement, cette discipline est donc bénéfique pour la pratique. Les statistiques démontrent pourtant que les stagiaires ne participent pas assez à ces mémoriaux. Alors tous à vos boards !

* Trophée Banque Populaire des Alpes, donnant lieu à un classement national venant primer en fin de saison, lors du Challenge des moniteurs, les 3 premiers hommes et dames ainsi que le 1er stagiaire homme et dame.

 

Sylvain Masson & Pierre-Alexandre Di Folco

Photos DR, Dupraz Snowboard